
Les rapaces diurnes |
La plupart des gens sont prêts à voir en eux des bêtes assoiffées de sang qui tuent pour le plaisir alors qu’en vérité ces oiseaux ne tuent jamais par jeu, mais uniquement que pour manger quand ils ont faim. Les faucons sont des oiseaux de proie très rapides, dotés de longues ailes pointues (en forme de faux) et d'une queue plus ou moins longue avec des yeux sombres. Les buses, les autours et les éperviers, sont des oiseaux de proie aux ailes larges et arrondies avec une queue plus longue leur permettant de changer brusquement de direction. Pour repérer leurs proies du haut des airs, les rapaces possèdent une vue perçante et extraordinaire ; la densité de la rétine est 8 X plus élevée que chez l'homme. Doué d’une acuité visuelle comparable, un homme pourrait lire les titres d’un journal à 500 mètres de distance ! La vue extraordinaire de ces oiseaux est due en grande partie à la taille de leurs globes oculaires, souvent aussi grands que les nôtres et logés dans des orbites très profondes. En outre, leur rétine (tissu du fond de l’œil sur lequel l’image est projetée) est 2X plus épaisse que la nôtre et garnie de millions de minuscules cellules visuelles. Logé entre les deux énormes globes oculaires, le cerveau des rapaces diurnes est profondément petit. Ces animaux ont une mémoire prodigieuse. Les rapaces pratiquent toutes les techniques de vol connues. Observons donc leur grand maître à tous, le faucon pèlerin. Planant très haut, baissant la tête, donnant un puissant coup d’ailes pour prendre son élan, puis piquer vers la terre comme une pierre projetée avec force. Soudain, un tourbillon de plumes, véritable explosion, se produit à l’instant même où le faucon frappe une proie de ses serres. La proie est généralement tuée sur le coup. Mais on assiste alors à la plus étonnante des manœuvres : le faucon pique en flèche sous l’oiseau qui dégringole, puis il bascule sur le dos et rattrape sa proie dans ses serres ! On dit qu’il buffète sa proie. Par contre, les grands rapaces diurnes que l’on voit souvent décrire au zénith leurs cercles paresseux ont une méthode très différente. L'ouïe et l'odorat, en revanche, ne tiennent pratiquement aucune place dans la vie des oiseaux de proie diurnes. Les rapaces diurnes comptent parmi les parents les plus tendres de la gent emplumée et l’on suppose qu’ils s’accouplent pour la vie. Beaucoup d’entre eux reviennent tous les ans au même nid. En Angleterre, certaines aires de faucons remontent au règne de la première Elizabeth (XVI e siècle). |
Les rapaces nocturnes |
De toutes les créatures emplumées, les rapaces nocturnes comptent parmi celles qui ont le mieux réussi à coloniser toutes les parties du monde. Leur nom général est hibou s’ils portent des aigrettes sur la tête et chouettes s’ils n’en portent pas. Les hiboux ont parfois une envergure égale à la hauteur d’un homme ; d’autres ne sont pas plus hauts qu’un moineau. Les hiboux et les chouettes sont de véritables noctambules de la nature. Leur vue, cent fois plus pénétrante que la nôtre, leur permet de percevoir des objets sous l’éclairage le plus faible, d’éviter les branches et autres obstacles, de capturer les proies les plus rapides. Leurs serres puissantes sont agencées de façon à se refermer automatiquement sur elles, même s’ils ne sont pas en mesure de discerner. Ces oiseaux ont inspirés une foule de légendes en tout point aussi étonnantes qu’eux-mêmes. Quant au vieux hibou plein de sagacité, il ploie effectivement sous le poids des ans ; un spécimen a vécu en captivité soixante-huit ans, véritable record de longévité dans le monde des oiseaux. Pendant le jour, quand leurs dons particuliers ne leur servent pas à grand-chose, la plupart des rapaces nocturnes sommeillent sur leur perchoir ou prennent un bain de soleil dans les branches. Pour être à même de chasser en silence, le rapace nocturne a le corps entièrement recouvert de plumes si fines et si douces qu’elles amortissent le son. La racine de son énorme bec, elle-même est caché sous une masse de duvet. Tandis que l’œil humain possède deux sortes de cellules, les cônes (qui nous permettent de discerner les couleurs) et les bâtonnets (pour percevoir la lumière), la rétine des rapaces regorge de bâtonnets seulement. Ceux-ci contiennent un produit chimique, connu sous le nom de pourpre rétinienne qui transforme la moindre lueur en un phénomène chimique provoquant chez l’oiseau une véritable impression visuelle là ou un être humain ne percevrait que la présence de lumière. L’ouïe des nocturnes est très fine. Les études concernant le régime alimentaire de ces rapaces ont démontré qu’ils se nourrissent presque exclusivement de rongeurs et d’insectes, tous animaux nuisibles aux cultures et aux forêts. On admet aujourd’hui que ces oiseaux, communs autrefois, disparaissent du paysage. On les abat encore, les bulldozers détruisent leurs habitats, on déboise dans certaines régions, et les possibilités de nidification diminuent. Peut-être, à l’instar des Grecs qui avaient fait de la chouette le symbole de la cité d’Athènes, serait-il sage de témoigner plus de respect à ces seigneurs de la nuit ! |